L’excellente nouvelle de l’arrivée des autotests ne peut laisser indifférent. Bien au contraire, elle constitue une excellente opportunité de s’informer pour en comprendre et en discuter l’intérêt.

Cette autorisation de mise sur le marché fait suite à la recommandation du Conseil National du sida français selon lequel « les autotest constituent une opportunité pour répondre aux enjeux d’augmentation du dépistage et d’amélioration de sa précocité ». Et, ce pour répondre aux nombreuses interrogations autour de ces autotests, commercialisés, quant à leur efficacité et à l’impact de leur utilisation.

Comme l’a souligné le Conseil National, les autotests offrent une spécificité satisfaisante et constituent une opportunité pour répondre aux enjeux d’augmentation du dépistage et d’amélioration de la précocité, surtout vis-à-vis de certaines catégories d’usagers difficilement atteignables.

Ainsi un recours concret aux autotests peut constituer une réponse pertinente pour des hommes fortement exposés et vivant leur sexualité dans le secret. Une étude de l’Université de Columbia est venue récemment conforter l’intérêt préventif et le rapport coût-efficacité de cet outil chez des HSH à haut risque d’acquisition du VIH du fait de partenaires multiples.

Une autre étude –internationale celle là- confirme que l’auto-dépistage du VIH et efficace et pourrait être la clé pour contrôler l’épidémie mondiale. Cette revue systématique majeure, menée par l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), montre que l’auto-dépistage du VIH dissipe de façon important la peur et la stigmatisation associées au dépistage de cette maladie.

Enfin l’accès à l’utilisation des autotests ouvre également la possibilité de les employer dans des situations coercitives. Le test pourrait alors être suggéré, voire imposé par toute personne ayant autorité ou force morale sur l’intéressé.

Les autotests doivent être traités comme dispositif additionnel et complémentaire de l’offre existante de dépistage.

Il faut d’abord s’interroger sur l’impact du résultat obtenu hors de tout accompagnement et soutien psychologique. Un résultat positif appris dans la solitude incite-t-il à une démarche de prise en charge ?

Aussi, s’avère-t-il impérieux d’assurer le suivi des personnes ayant recours aux autotests, comme le CNS qui prône des conditions d’usage garantissant un accompagnement performant des utilisateurs : documents fournis avec l’autotest, services d’assistance à distance.

A cela il convient d’ajouter :

  • Une information complète et adaptée aux besoins individuels et, en cas de test « réactif », une prise en charge et un suivi sanitaire et psychologique immédiats :
  • Le point avec l’usager par rapport à ses pratiques sexuelles et lui apporter des conseils et messages de prévention ciblés et, de ce fait, plus efficaces.

En définitive, il faut se placer dans une perspective de santé publique et appeler à une mobilisation large des acteurs de la lutte contre le sida : associations, professionnels et institutionnels, pour encadrer cette mise à disposition et promouvoir globalement la démarche de dépistage.

 

Jean VOZA LUSILU

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