Oui, les personnes vivant avec le VIH et/ou une hépatite virale sont en mauvaise santé sexuelle.

Oui, quelques indicateurs indirects le laissent deviner, tels la dégradation de l’activité sexuelle dans l’enquête VESPA 2.

Oui, ce repli touche davantage les femmes séropositives. VESPA 2, toujours.

Oui, au moins un homme séropositif sur deux souffrirait de dysfonction érectile. Au moins une femme séropositive sur deux présenterait une absence de désir.

Oui, les effets secondaires sexuels suspectés par le patient représentent une cause majeure de mauvaise observance du traitement antirétroviral.

Oui, certaines études (déjà anciennes…) ont identifié les leviers de cette « sidération » de la sexualité : l’absence d’envie, la peur de contaminer l’autre, la peur du rejet, le sentiment d’être moins séduisant ou en mauvaise santé, les difficultés à utiliser le préservatif… et l’existence d’une authentique dysfonction sexuelle.

Oui, tout le monde s’accorde à dire qu’il faut mieux connaitre la sexualité des personnes vivant avec le VIH à l’ère des antirétroviraux de nouvelle génération. La plupart des études sur le sujet datent d’avant 2010.

Oui, les hépatites virales n’épargnent pas non plus la sexualité de nos patients, et la révolution thérapeutique que nous célébrons dans l’hépatite C ne gomme pas ces difficultés : un patient guéri d’une hépatite C depuis 1 an me confiait récemment « Tout est allé si vite, ma tête n’arrive pas à suivre, mon sexe non plus ! ».

Oui, au-delà de la contemplation, la prise en charge de la santé sexuelle est une priorité soulignée par l’OMS, les rapports nationaux sur la prise en charge du VIH, les confrères avec qui j’échange sur le sujet, le milieu associatif… et le bon sens qui s’applique à une maladie transmise généralement par voie sexuelle : VIH, sexe, il y a un lien, non ?

Oui, chaque personne vivant avec le VIH/une hépatite virale devrait avoir la possibilité de faire un bilan de santé sexuelle avec un soignant, médecin ou non, formé à l’exercice de la sexologie et ayant une expérience de la vie avec ces virus.

Oui, oui, oui, à toutes les présentations sur le sujet, il y a consensus. Dans les paroles. Mais il est bien mou, ce consensus, du côté des autorités de santé, quand il s’agit de financer une étude sérieuse, une consultation, un centre de santé sexuelle.

J’ai le plaisir d’animer, à l’hôpital Bichat – Claude Bernard, une consultation de Sexologie dédiée aux patients vivant avec le VIH/une hépatite virale depuis bientôt 2 ans. Je ne louerai jamais assez les personnes ayant permis la mise en place de cette activité, elles se reconnaitront. Chaque patient que je reçois confirme cette intime conviction : il existe une impérieuse nécessité de proposer cette offre de soins à tous nos patients, d’ouvrir la porte en leur posant cette simple question « Et votre santé sexuelle, comment ça va ? ». Parfois, je m’attache à démontrer au patient que sa difficulté sexuelle n’est pas vraiment liée à son infection : l’arbre qui cache la forêt… ou une dysfonction qui existait avant la contamination. Seule une consultation dédiée à ces symptômes permet d’y voir plus clair.

La santé sexuelle, finalement, c’est un peu comme le sexe : en parler, c’est bien, mais le passage à l’acte peut apporter davantage de satisfactions.

Dr Patrick PAPAZIAN – Sexologue

Pour prendre rendez-vous à la consultation de Sexologie VIH/Hépatites du Dr Patrick PAPAZIAN (Hôpital Bichat-Claude Bernard) : 01 40 25 88 92.

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