Des études récentes ont montré que la prise d’ARV avant l’exposition au risque sexuel peut prévenir le risque d’infection par le VIH. Ces essais (PROUD IPERGAY) ont trouvé un grand écho comme outil supplémentaire pour réduire le nombre de nouvelles contaminations, en particulier en France au sein du milieu des patients homosexuels. Cette prophylaxie Pre-Exposition a nourri des débats au sein des milieux associatifs, des patients eux-mêmes et des médecins. Certains, très enthousiastes, réclament la mise à disposition rapide pour les patients de cette association TDF/FTC au motif de l’efficacité, d’autres plus mesurés font observer que ces résultats ont été obtenus au cours d’essais très encadrés contre un placebo, et peuvent ne pas être transposables dans la vie réelle. Il est vrai que l’efficacité du traitement est très corrélée à l’observance. Dans l’attente de la décision de l’agence du médicament, il faut poser les nombreux problèmes liés à cette avancée scientifique. Un encadrement de la prescription est nécessaire pour éviter la PrEP dite « sauvage » déjà utilisée par certains patients.

  • Quels patients seront donc éligibles ?
  • Qui seront les médecins prescripteurs ?
  • Quelle dose ? Quel schéma thérapeutique ?
  • Quelle durée et quelle surveillance de la toxicité éventuelle des mutations du VIH ?
  • Quid du dépistage des autres IST ?

Et aussi, dans cette guerre contre l’épidémie, l’aspect économique fait débat au sein des patients comme des médecins.

Puisque l’on a pu montrer que la majorité des nouvelles contaminations étaient en lien avec des patients ignorant leur statut sérologique, l’intérêt du dépistage reste essentiel y compris pour l’utilisation de cette prophylaxie.

Sur les réseaux sociaux, les patients se sont appropriés ce débat, ce qui oblige les médecins à pouvoir en parler, sans considérations moralisatrices, mais en s’appuyant sur la réalité de certains comportements sexuels « extrêmes », s’inspirant alors peut-être du discours de réduction des risques chez les usagers de drogues injectables.

Dans tous les cas, TasP, PrEP, préservatifs, sont des moyens de réduction des contaminations, y compris en les associant. La connaissance du statut sérologique des patients, par le DEPISTAGE, reste au cœur de toutes nos actions.

Alors prêts ?

Dr Pierre DEMOOR – Médecin Généraliste
CDAG de l’Hôpital Bichat Claude-Bernard, Paris 18e

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