France Lert éditoNous avons en théorie des moyens qui doivent nous permettre d’aller plus vite vers une inflexion forte et peut être l’arrêt de la transmission du VIH. Pourtant nous n’allons pas assez vite et même pour les HSH pas du tout, dans cette direction, bien que beaucoup d’efforts soient déployés : les personnes dépistées positives sont traitées et traitées efficacement, les actions sur le terrain, auprès des populations les plus exposées, les hommes ayant des rapports entre hommes, les migrants d’Afrique sub-saharienne ont été mises en place, le dépistage en outreach a gagné sa reconnaissance, de nombreuses associations accompagnent avec un large éventail de dispositifs les personnes qui vivent avec le VIH, mais l’objectif préventif n’est pas atteint. On ne peut pas attendre et en particulier dans Paris si fortement touché par une épidémie ancienne et encore très active et parce qu’on peut mieux faire aujourd’hui, et donc on doit faire différemment.

Il existe un large consensus autour de la prévention combinée qui se cristallise dans le slogan des 3×90 et auxquels se sont engagés de nombreuses villes du monde par la déclaration signée à Paris le 1er décembre 2014 par Anne Hidalgo avec Onusida, l’IAPAC (International Association of AIDS Care Providers) et ONU-Habitat.

Traduire cet engagement en stratégie est l’objectif du comité parisien des 3×90 qui se réunit depuis juin. Il s’agit à partir d’une démarche collective car nous savons que c’est l’intelligence scientifique ou sociale et l’expérience, celles du clinicien, du militant associatif, des personnes auxquelles sont destinées les actions qui sont seules à même de faire émerger des solutions utiles et efficaces. IL s’agit à travers le programme de réunions qui, en cette tragique fin novembre, est en train de s’achever de faire le bilan des forces et des blocages du dispositif parisien, de cerner où les innovations doivent être positionnées, ce qu’elles imposent de changement à l’existant, et surtout de susciter une mobilisation qui les amène aux personnes et aux groupes qui en ont besoin.

Les outils médicaux, et d’abord les médicaments antirétroviraux, sont au centre de cette nouvelle stratégie en émergence. Leur efficacité dans la PreP, dans le TPE, dans le traitement des PVVIH alliée à une intensification et un ciblage de toutes les modalités de dépistage est la clé d’un progrès préventif significatif. Cette nouvelle donne qui admet que les comportements individuels ne sont pas tout et que le risque pour chacun dépend pour beaucoup du niveau collectif   bouscule les représentations et les pratiques.

A Paris, de très nombreux acteurs avec des rôles spécifiques sont engagés dans la prise en charge et la prévention. La nouvelle donne les fera évoluer. La diffusion des progrès médicaux est déjà très large et la volonté de les rendre accessibles est forte et partagée, l’objectif du travail concerté en cours est de définir et de partager une stratégie, d’assurer à celle-ci les moyens et le leadership suffisant pour passer de l’efficacité théorique que nous promettent les modèles épidémiologiques depuis plusieurs années à un réel progrès dans la vraie vie.

France Lert

Chargée de mission pour la Ville de Paris.

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