Montmartre par Sophie Bassouls

« La fin du SIDA ou la mort des associations ? »

1 décembre 2025 | Editos

Depuis l’apparition du Sida au début des années 80, l’ensemble des acteurs de la lutte contre le Sida a construit un écosystème unique et remarquable reposant sur trois piliers :
• Le monde associatif, mobilisé dès les débuts autour de militants ;
• Le monde médical qui a développé en un temps record, des traitements qui, s’ils ne guérissent pas du VIH/Sida, le traitent à long terme ;
• Les décideurs politiques, toutes tendances confondues, qui ont jusqu’à maintenant donné des moyens à cette lutte.

Mais cet écosystème, dont ont fait partie les COREVIH et désormais, les CoReSS, est plus que menacé.

Dans un contexte de menaces politiques (populations cibles de la lutte contre le VIH devenues boucs émissaires des populistes et des fake-news), de difficultés économiques et de problèmes endémiques qui ne cessent de progresser à l’hôpital, les associations de lutte contre le Sida sont en péril.

Beaucoup ont été fondées dans les années 80 et 90 par des personnes directement concernées.
40 ans plus tard, ces fondateurs ont disparu.
Mais le renouvellement des gouvernances est difficile.
Préoccupées par des problèmes de terrain, de budgets et de trésorerie, elles n’ont plus de vision et naviguent à vue, sans réflexion de fond pour s’adapter en urgence à ce nouvel environnement.
Les bénévoles et militants sont de moins en moins présents et, avec eux, disparaissent les forces vives de ces associations qui sombrent, anesthésiées par leur isolement.

Le constat est similaire dans le milieu médical avec le départ à la retraite de la génération de médecins emblématiques, mobilisés dès l’apparition de la pandémie, ou encore dans le milieu institutionnel avec celui des interlocuteurs militants historiques notamment dans les ARS, remplacés par de nouvelles générations qui voient le VIH/Sida comme une simple maladie chronique, sans enjeu de santé publique…
Cependant, la pérennité des institutions n’est pas en péril, contrairement à celle des associations.

L’invisibilisation des associations se fait dans un environnement institutionnel plus ou moins conscient, voire hypocrite. Le mot « Sida » a souvent été remplacé par « Santé » dans le nom des agences et comités : l’ANRS a intégré le VIH dans un ensemble d’épidémies et virus « émergents » ; les COREVIH sont devenus des CoReSS, réduisant le VIH à la seule santé sexuelle…

Mais redisons-le haut et fort. Le VIH/Sida n’est pas une pathologie comme les autres.
La lutte contre le VIH/Sida est plus que jamais un combat politique. Une lutte contre la stigmatisation, la discrimination, l’indicibilité, le déni, la précarité et le racisme.

Or, paradoxalement, « la fin du VIH/Sida » et le 3×95 (et le 4 x 95) sont à portée de main.
Mais pour l’atteindre la présence des associations est décisive, présentes sur ce dernier kilomètre, car capables d’aller au plus près des personnes les plus éloignées du soin et de la prévention.

Dissoudre la lutte contre le VIH/Sida dans la seule santé sexuelle n’est ni efficace ni « honnête ». Ni envers les migrants (50% des découvertes de séropositivité/an) dont le VIH/Sida pèse peu face aux enjeux de survie ; ni envers les personnes qui vivent avec le VIH, dont plus de 50% a désormais plus de 60 ans et dont les enjeux ne peuvent se réduire à la seule santé sexuelle.

L’urgence est là. Et elle s’impose à tous les acteurs de la lutte contre le Sida, à tous les décideurs et aussi aux CoReSS.

Ce dernier km pour éradiquer le VIH/Sida ne pourra être atteint sans les associations. Il est urgent de les soutenir et de les défendre face à un risque de disparition imminent.

Didier Arthaud.
Président de BASILIADE.

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