Montmartre par Sophie Bassouls

Altérité et santé publique

27 octobre 2023 | Editos

Cela fait longtemps que nous postulons tous que les meilleurs succès de santé publique sont ceux où l’on peut induire la modification des comportements individuels. C’est tout l’objet de la notification au(x) partenaire(s) qui a pour finalité de réduire la circulation du virus en prévenant au plus vite possible le, la ou les partenaire(s) d’une relation sexuelle potentiellement contaminante.

Cette notification existe déjà. Mais elle ne s’est pas diffusée également dans tous les publics susceptibles d’y avoir de l’intérêt. La recommandation de bonnes pratiques publiée par la HAS vient donc remettre dans l’actualité des professionnels et des centres communautaires l’idée qu’il faut soutenir auprès des personnes concernées la notification à leur partenaire.

Car, il y a un manque d’information dans les équipes de prévention et de soin sur cette possibilité. Et sans doute aussi un manque de pratiques professionnelles adaptées à la prise de conscience des personnes pour favoriser cette notification : il ne s’agit pas seulement de conseiller la notification, mais de motiver à le faire, sans jugement, en soutenant la personne dans une approche motivationnelle. Il faut savoir expliquer l’intérêt de santé publique et soutenir les personnes qui notifient dans une démarche de soutient et d’accompagnement. Ce qui peut sembler naturel pour certains se révèle plus complexe, voire douloureux, pour d’autres. Ici, comme en tant d’occasions dans la lutte contre les épidémies, le maître mot reste le soutien et l’accompagnement des personnes face aux contaminations.

Certains regretteront que le cadre légal ne permette pas une évolution pour une notification par les professionnels de santé. La HAS n’a pas la main sur les règlementations, mais elle peut inviter, comme elle l’a fait dans cette recommandation, à une évolution. Mais, ici encore ce n’est pas qu’une affaire de droit. A tous ceux qui postulent que cela faciliterait les progrès dans la notification en évitant à la personne potentiellement contaminante de « se » notifier à son, sa ou ses partenaire(s), il faut rappeler que la notification par un tiers n’est pas qu’une question de connaissances sur la maladie et les traitements ! Il s’agit le plus souvent d’attitudes à avoir. Pensons à la recherche du consentement de la personne souhaitant notifier à partir de la présentation des différents moyens de notification, de leurs avantages et de leurs inconvénients, par exemple. Ces attitudes sont loin d’être spontanées. Elles résultent d’apprentissages qu’il faut mettre en place. Il ne s’agira pas que l’ouverture de la notification à des tiers soit contre-productive parce qu’elle ne tiendrait pas suffisamment compte des contextes, des personnes et des méthodes à déployer. Attention, les enjeux de la notification aux partenaires, une fois encore, dépassent la seule information médicale.

En tout état de cause, notification directe ou notification par un tiers, il reste aussi un invariant de toute politique publique : les moyens asservis. Il faut ici parler de ressources financières et humaines tant du côté des professionnels que des démarches communautaires, de la nécessaire communication ciblées vers les populations concernées, et de la construction et de la mise à disposition d’outils d’assistance anonyme pour la notification. Tout cela est indispensable aux résultats attendus d’une stratégie de notification renforcée.

Christian Saout, Ancien président de AIDES, Membre du Collège de la HAS

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