Des COREVIH* aux CORESS** , du Nord à l’Ouest de l’Ile de France

Depuis 40 ans, l’infection par le VIH a bouleversé divers aspects des pratiques médicales, en particulier en introduisant dans le milieu médical fermé -et souvent élitiste- deux notions fondamentales, à savoir : la prise en soins globale des patients et la démocratie sanitaire. La naissance des CISIH (Centres d’Informations et de Soins de l’Immunodéficience Humaine) en 1988, au début de l’épidémie, et leur transformation en COREVIH (Comité de Coordination régionale de la prise en charge du VIH) en 2005, sous l’égide des ARS, en sont la preuve. Les CISIH hospitalo-centrés avaient pour missions la prise en soins globale des patients, la recherche clinique et la veille épidémiologique. L’évolution vers les COREVIH élargissait les missions de ces Centres, à la coordination territoriale des divers professionnels du VIH (comprendre : soin, dépistage, prévention, recherche clinique et épidémiologique, action sociale et associations de patients, avec pour objectif  la qualité et la sécurité de la prise en soins des patients et le recueil des indicateurs médico épidémiologiques). En 2017, un nouveau décret maintenait les missions des COREVIH en élargissant leur champ d’actions aux Infections sexuellement transmissibles (IST).

A la faveur de l’amélioration globale de la santé des Personnes Vivant avec le VIH (PVVIH) grâce aux progrès thérapeutiques obtenus à partir de 1996, l’infection VIH, tout en gardant ses particularités épidémiologiques, psychologiques et sociales, est actuellement considérée comme une maladie –infectieuse- chronique. Rappelons que l’efficacité des traitements antirétroviraux annule les risques de transmission du VIH, la transmission de la mère à l’enfant, et permet une utilisation en prévention (Prep). Parallèlement, tant les besoins en recueil épidémiologiques que les besoins en coordination régionale évoluent  aussi et les COREVIH vont naturellement élargir leur champ d’action vers le domaine de la Santé Sexuelle, devenant ainsi des CORESS (centre de COordination Régionale de la Santé Sexuelle {dont le VIH }). D’autres acteurs de la santé sexuelle vont intégrer le cadre de cette coordination, impliquant les structures territoriales et des domaines élargis au-delà des IST et du VIH (CPEF, centre de santé sexuelle, CeGIDD, associations, médecins généralistes, sages femmes, professionnels et associations dans le domaine du Handicap, municipalités ….) donnant ainsi une dimension nouvelle à ces structures.

L’évolution va également concerner le découpage géographique des CORESS en Ile de France afin de caler au mieux les départements et les territoires des CORESS. Une fusion du COREVIH IdF Nord et du COREVIH Idf Ouest est ainsi avancée, ayant pour territoires les départements du 92, du 78, le 95, partie du 93 et le Nord-ouest du 75. Cette fusion avait déjà au préalable, et à plusieurs reprises, été évoquée, d’une part en raison de la  relative petite taille de ces 2 COREVIH au regard des autres COREVIH d’Ile de France, et d’autre part en raison de collaborations anciennes, historiques,  dans des domaines tels la prise en charge des personnes Trans, la prévention du risque infectieux en milieu de soins et les traitements post exposition, les allègements thérapeutiques, la PrEP…

Souhaitons bonne route à cette nouvelle Coordination régionale , le « CORESS IDF Nord-Ouest », que nous nous efforcerons de construire le plus sereinement possible pour tous, les permanents et les acteurs, (même si : on garde en mémoire – et en clin d’œil- que,  dans les années 1990, les structures hospitalières du 92 et du 78 ont souhaité s’autonomiser, en quittant le « CISIH Bichat » qui deviendra le COREVIH Idf Nord  et auquel elles étaient rattachées, et en créant le « CISIH 92»,  l’ancêtre du COREVIH Idf Ouest).

*COREVIH = Comite de Coordination régionale de la prise en charge du VIH **CORESS = Comité de Coordination Régionale de la Santé Sexuelle

Pr Elisabeth Rouveix, Présidente à l’Ouest et Pr Jade Ghosn, Président au Nord