
Peut-on prendre en compte le coût pour choisir un traitement antirétroviral ?
L’infection par le VIH est maintenant devenue une maladie chronique avec un choix plus large de médicaments efficaces contre le virus du VIH (antirétroviraux, ARV), une simplification de prises (des comprimés moins nombreux en moins de fois par jour), et une nette amélioration des effets secondaires à court et long terme.
Ces traitements efficaces et bien tolérés permettent de traiter plus tôt les personnes infectées par le VIH pour diminuer la morbi-mortalité (améliorer leur qualité de vie), mais aussi diminuer la transmission du virus (essais ANRS Temprano et START).
Ainsi l’espérance de vie des personnes infectées par le VIH prises en charge et traitées tôt se rapproche-t-elle maintenant de la population générale.
Les recherches se poursuivent dans cette perspective.
D’une part, de plus en plus d’ARV sont combinés dans un comprimé unique (ce qui simplifie la prise quotidienne) ; d’autres qui sont des formes à libération progressive (permettant d’espacer les prises) sont en cours d’essai.
Et d’autre part, pour les personnes en succès thérapeutique sous tri-thérapie, la question est de savoir quel traitement ARV est le plus optimal au long cours (en termes d’efficacité, d’effets secondaires et de facilité de prise). Des études ont déjà montré, ou sont en train de montrer, l’avantage d’allègements thérapeutiques vers des mono- ou bi-thérapies (essais PROTEA, ANRS ETRAL etc.). Ces possibilités doivent se discuter en concertation avec le médecin référent car chaque personne à un profil particulier.
Dans ce cadre, la mise à jour du rapport Morlat 2015 consacre un chapitre sur l’optimisation du traitement antirétroviral en situation de succès virologique. Plusieurs possibilités d’allègements thérapeutiques sont décrites en soulignant qu’en raison du nombre de paramètres à prendre en compte, il est recommandé que les décisions de modification de traitement dans les situations complexes soient prises au cours de réunions de concertation pluridisciplinaire. Lorsqu’à l’issue d’un choix basé sur les critères d’efficacité, de tolérance et de facilité de prise, plusieurs options restent possibles, les modifications de traitement ARV pourraient favoriser la prescription des associations d’ARV les moins coûteuses. Mais proposer aux personnes, dont la situation individuelle le permet, des changements (pour un traitement équivalent en termes d’efficacité et de tolérance qui sont la priorité de tout choix thérapeutique) dans un objectif de réduction des coûts, doit se faire sous réserve : d’expliciter clairement la motivation du changement et les éventuelles contraintes de prise en résultant ; et de recueillir la pleine adhésion à cette attitude. Le projet ANRS-GOTA (Gestion Optimale des Traitements ARV) voudrait étudier, dans le cadre d’une recherche communautaire, les opinions et habitudes des personnes vivant avec le VIH et de leur médecin sur ces sujets afin de créer des interventions pour faire avancer positivement l’alliance thérapeutique dans ce contexte.
Emmanuelle PAPOT
Médecin Généraliste
Inserm IAME équipe DeSCID
SMIT Hôpital Bichat Claude Bernard