Montmartre par Sophie Bassouls

Monkeypox : une nouvelle infection sexuellement transmissible ?

30 juin 2022 | Editos

Monkeypox : une nouvelle infection sexuellement transmissible ? - Dr Nathan PEIFFER SMADJAAprès plus de deux ans rythmés par l’évolution de l’épidémie de COVID-19, une nouvelle maladie émergente fait parler d’elle depuis mai : la variole simienne ou monkeypox.

Le 28 juin 2022, 440 cas de variole simienne ont été confirmés en France dont 312 en Île-de-France. Au vu du nombre de contacts et d’appels reçus dans les centres de références, ces chiffres semblent largement sous-estimés.

La population concernée à ce jour est quasi-exclusivement celle des homosexuels, des bisexuels et d’autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. La majorité des patients rapporte des partenaires sexuels multiples. Cette réalité ne doit bien sûr laisser aucune place aux discriminations et l’ONUSIDA a, à juste titre, exprimé son inquiétude à l’égard de la rhétorique et des images utilisées dans certains rapports et commentaires publics sur la variole du singe. Nous adhérons complétement à ce cri d’alarme.

La maladie se manifeste initialement par de la fièvre, des maux de tête, une fatigue, un gonflement des ganglions, suivis d’une éruption de boutons pouvant durer de 2 à 4 semaines. Parmi les patients actuels, nous constatons de nombreuses lésions péniennes, anales et pharyngées. Il n’a pas été observé de maladie grave entraînant une prise en charge en réanimation ou de décès mais plusieurs patients ont nécessité une hospitalisation devant l’importance des lésions qui parfois se surinfectent. De plus, l’extension des lésions chez certains patients peut laisser craindre des séquelles esthétiques.

Pustules ombiliquésPustule ombiliquée

La transmission du virus entre individus peut se produire par les voies respiratoires (transmission dite gouttelettes) ou par contact de la peau ou des muqueuses avec des boutons. Bien que le statut d’infection sexuellement transmissible ne soit pas encore démontré pour cette maladie, il est indéniable que les rapports sexuels sont à l’origine de l’écrasante majorité des transmissions de la maladie. Ainsi, la communauté médicale recommande à toutes les personnes infectées un isolement pendant 4 semaines et de ne pas avoir de rapports sexuels tant que des lésions sont présentes et d’utiliser des préservatifs pendant 8 semaines après le diagnostic. Ces recommandations peuvent changer selon l’évolution des connaissances.

La prévention de la transmission s’appuie également massivement sur la vaccination. Le vaccin Imvanex, sûr et bien toléré, est actuellement proposé aux contacts avérés des cas confirmés : patients ayant eu un contact rapproché et notamment une relation sexuelle et personnes vivant sous le même toit. Ainsi, toute personne ayant eu un contact avec un patient atteint de monkeypox doit se mettre en contact avec un centre de vaccination, l’Hôpital Bichât mkp.bch@aphp.fr ou l’Hôpital de La Pitié Salpêtrière vaccimkp.psl@aphp.fr en Île-de-France. La vaccination préventive à large échelle des populations à risque est à ce jour discutée mais n’est pas recommandée.

Face à cette épidémie grandissante, notre devoir et celui des associations des personnes concernées, est d’informer la population la plus à risque, sans tomber dans la stigmatisation.

Dr Nathan PEIFFER SMADJA
Chef de Clinique Assistant au Service des Maladies Infectieuses et Tropicales de l’Hôpital Bichât Claude Bernard

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