
Et voilà les nouvelles recommandations de prise en charge VIH !
Après de longs mois d’attente, les nouvelles recommandations pour la prise en charge des patients vivant avec le VIH, établies sous la direction du Pr P. Delobel selon la procédure rigoureuse de la Haute Autorité de Santé (HAS), ont été présentées à l’occasion du congrès de la SFLS en novembre 2024.
Il est d’abord souligné que, si le nombre de nouveaux patients infectés par le VIH est en légère diminution, une proportion encore élevée des patients (25%) sont encore dépistés à un stade tardif. Les efforts concernant la politique de dépistage et la prévention combinée doivent donc être intensifiés.
Concernant la mise en route du traitement antiretroviral (ARV), le point important est son démarrage rapide, dans les 15 jours du diagnostic d’infection VIH. Il ne doit pas être retardé par le délai des résultats des examens, y compris le test de génotypage, ni par l’existence de comorbidités et coinfections (hormis tuberculose et cryptococcose neuro-méningées où les ARV sont retardés à 4-6 semaines).
Les traitements recommandés en première intention sont des trithérapies (TAF/FTC/bictegravir, TDF/3TC/doravirine, ABC/3TC/dolutegravir) ou bithérapie (3TC/dolutegravir) en comprimé unique quotidien.
Concernant les adaptations du traitement antirétroviral en cas de succès virologique, il est recommandé de proposer des allègements avec bithérapies orales (3TC/dolutegravir, dolutegravir/rilpivirine) ou injectables de longue durée d’action (cabotegravir-LP+rilpivirine-LP), ainsi que la trithérapie intermittente 4-5 jours/7, reconnue comme une stratégie d’allègement pour le traitement de l’infection VIH-1.
Des précisions utiles sont apportées pour le dépistage et le traitement des comorbidités cardio-vasculaires, du diabète, des dyslipidémies, de l’insuffisance rénale, de l’ostéoporose, des cancers, et pour la première fois de la surcharge pondérale et de l’obésité qui sont devenues des préoccupations majeures dans nos centres.
Dans le chapitre sur le suivi des femmes enceintes infectées par le VIH, les données de sécurité sur les différentes molécules ARV sont précisées, notamment l’absence de contre-indication du dolutegravir au cours de la grossesse. La plus grande nouveauté est l’ouverture à la possibilité de proposer l’allaitement protégé chez les femmes qui le désirent, après discussion ouverte avec les parents sur les risques et conditions de celui-ci : traitement continu avec charge virale contrôlée de la mère, accompagnement à l’allaitement jusqu’à la diversification alimentaire de l’enfant, sans excéder 6 mois.
L’ensemble de ces recommandations confirme la spécificité et l’importance d’une prise en charge holistique et multidisciplinaire dans les centres de suivi de l’infection VIH, faisant intervenir les soignants, les personnels médico-sociaux, les psychologues, les virologues et pharmacologues, les multiples spécialistes, les unités nutrition-diététique, mais aussi les médecins généralistes, les centres de santé sexuelle, les scientifiques et chercheurs, les associations d’usagers et les patients eux-mêmes. Cette collaboration multidisciplinaire indispensable est la justification de notre action en tant que COREVIH et futur CORESS. Ainsi, comme cela a été le cas depuis le début de l’épidémie, la prise en charge VIH pourra continuer à être un modèle et innover dans les champs de la thérapeutique, de l’accompagnement, de la prévention, de la solidarité et de la démocratie sanitaire pour une santé globale et inclusive.
Dr Pierre DE TRUCHIS (médecin infectiologue au SMIT de l’Hôpital Raymond-Poincaré)
Dr Roland LANDMAN (médecin infectiologue au SMIT de l’Hôpital Bichat Claude Bernard)